
Saviez-vous que 1 Français sur 4 serait prêt à changer de coiffure pour des raisons professionnelles ? Et que 1 sur 8 l'a déjà fait ? Ces chiffres peuvent surprendre, mais ils révèlent une réalité bien connue de nombreuses personnes aux cheveux texturés : la discrimination capillaire.
Quand on a les cheveux crépus, frisés, bouclés ou ondulés, il est courant de recevoir des remarques déplacées, des commentaires non sollicités, voire des jugements implicites… y compris au travail.
L’un des exemples les plus marquants en France est celui d’un steward d’Air France à qui on a interdit de porter ses tresses, pourtant attachées en chignon. Une règle qui ne s’appliquait pas au personnel de bord féminin.
Pour pouvoir continuer à travailler, il a dû porter une perruque lisse pendant plusieurs années.
Il a finalement saisi la justice. Après dix ans de procédure, la Cour de cassation lui a donné raison : il s’agissait bien d’une discrimination fondée sur l’apparence physique, en lien avec son genre.
En 2023, le député Olivier Serva a déposé une proposition de loi pour reconnaître explicitement la discrimination capillaire comme une forme de discrimination à part entière.
Elle vise à interdire le fait de refuser un emploi, une promotion, ou de faire pression sur une personne à cause de la coupe, la longueur, la couleur ou la texture de ses cheveux.
Le texte a été adopté à l’Assemblée nationale en mars 2024, et doit encore être validé par le Sénat. En cas d’adoption, il sera inscrit dans le Code du travail et le Code pénal, avec des sanctions allant jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende.
La loi interdit déjà les discriminations en entreprise. Mais jusqu’ici, les cheveux n’étaient pas explicitement mentionnés dans les critères liés à l’apparence physique.
Cette proposition vient nommer un problème réel et souvent banalisé : celui que vivent des milliers de personnes aux cheveux texturés en France.
Elle envoie un message fort : au travail ce sont les compétences qui doivent être jugées, pas nos cheveux.
Cette loi ne réglera pas tout. Mais elle a le mérite de visibiliser une réalité, de poser un cadre, et de protéger celles et ceux qui en sont victimes.